Caisse dépôt : Critiquer en loupant la cible !

Écrit par Bernard Brault le 29/06/2011

Crier au loup sans avoir vu le loup !

On est très loin du drame épique qu’a représenté la perte historique de 40 milliards de la Caisse de dépôt et de placement du Québec. Pourtant, dès que l’on parle de la Caisse de dépôt tous les observateurs ont la mèche très courte. Il n’y a sans doute pas de fumée sans feu, mais cette fois on crie au loup sans avoir vu le loup. Si l’on invoque le spectre de la mauvaise gestion chaque fois que la Caisse de dépôt débourse 25 000 $, il y aura vite un essoufflement de l’auditoire. À force d’agir en tirailleur on risque de se tromper de cible.

Invoquer la mauvaise gestion sans articuler le fond de sa pensée sur des éléments factuels contribue à la confusion et à la perte du jugement critique. L’obligation de Saine Gestion s’adresse évidemment aux fiduciaires et mandataires mais son exercice doit se faire à l’intérieur de règles de normes impartiales sans que l’application de celles-ci ne devienne sclérosante.

La neutralité idéologique et politique de Saine Gestion assure une analyse moins émotive. La Saine Gestion n’a pas pour objet de limiter le développement des affaires ni le développement de la richesse collective.

Analyse factuelle

Le 5 juin dernier, environ 210 personnes du milieu des affaires, de la finance, de la politique et des universités ont déboursé chacun 121 $ pour assister à un cocktail et un souper dans le cadre de l’activité internationale « le forum des Amériques » organisé par la Caisse de dépôt et de placement du Québec, le président de la Banque Centrale Européenne, Jean-Claude Trichet, en était l’invité d’honneur. La Caisse de dépôt y aurait contribué pour une somme de 25 000 $.

Tous les mois à Montréal se tiennent des dizaines d’activités de cette nature qui visent essentiellement à créer des synergies, entre des personnes qui n’auraient pas l’occasion de se rencontrer, de discuter et d’ouvrir de nouveaux horizons d’affaires économiques et financières. Généralement, ces activités sont commanditées par des organismes publics et privés.

La Caisse de dépôt, bien que certains voudraient la limiter à un rôle passif et conservateur du bas de laine des Québécois, demeure une institution majeure dans le domaine financier international et ne peut agir simplement en se limitant au tricot de la laine.

Critique : mauvaise cible

Dans un article publié le 28 juin, Olivier Bourque du réseau « Argent », relate les propos d’Yves Michaud, féroce critique des abus de la finance au Québec et au Canada,

«… les Québécois ne devraient pas payer pour ce type d’événement (…) Qu’on se mette à festoyer avec l’argent du public sur les problèmes à venir, faudrait d’abord régler les problèmes actuels qui sont criants pour ceux qui n’ont pas les moyens de se payer des partys à 25 000 $ », (…) a estimé celui qu’on appelle le Robin des Banques. »

À notre avis, malheureusement, cette fois-ci, Yves Michaud tire sur la mauvaise cible.

Analyse pragmatique

Tout d’abord pour nos lecteurs, il faudrait faire la différence entre une activité normale conduite au profit de la communauté d’affaires et financières de Montréal dont la Caisse de dépôt fait partie intégrante et un party de niveau privé qui aurait pu être tenu par la Caisse de dépôt au profit de ses employés cadres et gouvernants. Cela s’est déjà vu ! Mais actuellement ce que l’on reproche sur le plan médiatique à la Caisse de dépôt n’est pas de cet ordre.

Toujours selon le réseau « Argent »,

« (…)  L’an passé, Hydro-Québec a investi 75 000 $ dans l’événement, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a mis 125 000 $ alors qu’Investissement Québec qui vient de fusionner avec la Société générale de financement (SGF) notamment pour diminuer les coûts a déboursé 50 000 $. La Caisse a mis 100 000 $ au total et Montréal International 10 000 $. »

Pour nous, l’activité tenue cette fois par la Caisse de dépôt est proportionnelle et raisonnable dans un contexte d’une Saine Gestion du développement économique et financier québécois dans un contexte international. Il serait difficile de démontrer que cette activité n’est pas reliée, ne serait-ce qu’indirectement à la mission de la Caisse de dépôt.

Importance relative

Il faut faire très attention dans l’interprétation des chiffres. 25 000 $ dans les poches d’un individu à titre personnel, cela représente beaucoup d’argent nous en convenons. Cependant, tous les jours, les entreprises et les institutions financières dépensent des sommes importantes en déplacement, en frais de représentation pour des rencontres professionnelles, en marketing et en activités de maillages. La gestion des affaires se fait encore par des humains, entre humains, et dans un cadre de rencontres socialisantes.

Même s’il s’en trouvait quelques-uns qui pourraient critiquer l’utilisation de fonds pour des fins autres que le tricot des Québécois, nous devons tout de même rappeler que 25 000 $ ne représentent pas une orgie ostentatoire.

Conformité aux PSGGR

Le concept et le modèle d’une gestion qualifiée de Saine sont des outils utiles pour exprimer une réalité managériale mais surtout pour permette d’identifier les risques que l’on associe généralement à la gouvernance. En particulier, la Saine Gestion permet d’identifier les aspects déficients du cadre de gestion d’une organisation.

En matière de gouvernance, le risque lié à une dérogation aux Principes de Saine Gestion Généralement Reconnus doit être traité en fonction de l’incidence relative ou de la matérialité des faits identifiés.

Dans le cas qui nous occupe aujourd’hui, aucun élément porté à notre attention nous permet de croire qu’il y a eu dérogation aux PSGGR de l’OAAQ.


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