Rapport Duchesneau : Le MTQ sous l’emprise de pratiques mafieuses

Écrit par Bernard Brault le 15/09/2011

À quand un véritable cadre de Saine Gestion avant que l’incurie brûle les derniers dollars des contribuables ? À quand l’implantation d’une approche matricielle de pratiques de gouvernance intégrée et vérifiable ? Mis à part le gouvernement, qui peut croire encore que la corruption se réglera par de simples changements de pratique managériale ?

Créer le chaos pour que les filous s’y confondent !

Hier soir, le 14 septembre 2011, Marie-Maude Denis de Radio-Canada dévoilait une partie du rapport de l’Unité anticollusion du Québec dirigé par Jacques Duchesneau. Le contenu du rapport est dévastateur, voire affolant, mais confirme ce que tout le monde soupçonnait. L’argent de nos taxes va dans les poches d’un système très bien organisé où entrepreneurs, rois de l’embrouille, princes de l’arnaque, fonctionnaires du ministère des Transports (MTQ), ingénieurs-conseils, crapules et autres lugubres individus profitent du laxisme managérial et se gavent dans la boîte à bonbons. Pour assurer la stabilité des combines, des sommes sont versées aux caisses occultes des partis politiques !

 Il ne s’agit plus de vagues allégations, le rapport établit des faits probants et concluants :

Des ingénieurs de firme de génie-conseil en collusion avec des employés du ministère favoriseraient certains entrepreneurs en leur fournissant des informations privilégiées. Par exemple, qu’un contrat où l’on prévoit 1000 chargements de terre contaminée n’en nécessitera véritablement qu’une centaine.

Par ailleurs, la tendance dans le milieu est actuellement de produire une soumission sous le prix de l’estimation, les entrepreneurs se rattrapent et vont chercher plus d’argent plus tard, grâce au système « d’extras » proposé par des spécialistes à commissions pour tout montant qu’ils arrivent à faire payer en surplus par le ministère des Transports.

Selon un extrait du rapport choisi par Radio-Canada, c’est l’entrepreneur qui facilite le tour de passe, mais c’est en haut que ça se joue. Si un ingénieur de la firme chargée de la surveillance des travaux doit autoriser un extra de 100 000$, il trouve le moyen d’aller chercher le double auprès du MTQ. Il y a donc un 100 000 $ blanchis à se partager.

Quelle est la contrepartie offerte pour ces informations privilégiées ? À quoi sert cet argent en extra ? Le rapport signale que les firmes de génie-conseil pourraient l’utiliser dans le but de contribuer à des caisses électorales et que les entrepreneurs en construction pourraient payer leurs travailleurs au noir !

Fragile démocratie

Ce n’est pas par hasard si Radio-Canada a choisi dans le rapport Duchesneau cet extrait ahurissant et dramatiquement inquiétant pour notre fragile démocratie :

(…) S’il devait y avoir une intensification du trafic d’influence dans la sphère politique, on ne parlerait plus simplement d’activités criminelles marginales, ni même parallèles : on pourrait soupçonner une infiltration, voire une prise de contrôle de certaines fonctions de l’État ou des municipalités.

Tout va très bien madame la marquise….

Interrogé par madame Galipeau au Téléjournal de fin de soirée de Radio-Canada, le ministre Pierre Moreau ne semblait pas ébranlé outre mesure devant l’ampleur démentielle du problème. Il a simplement indiqué, à plusieurs reprises, qu’il s’agissait tout simplement d’instaurer de meilleures pratiques au ministère. À la demande répétée de madame Galipeau, le ministre n’a cependant pas exprimé quelles pratiques managériales pouvaient changer les choses. Il est facile d’instaurer une nouvelle politique, ou une « des meilleures pratiques » si personne n’a d’intérêt pour l’appliquer ni pour en contrôler l’efficacité. L’approche matricielle de l’ISG pourrait cependant apporter cette rigueur nécessaire pour limiter et barrer la route aux malfrats.

Pour le financement de caisses politiques occultes, le ministre ne voyait pas non plus de lien direct entre l’adjudication de sommes par le MTQ pour les « extras » et le versement de sommes importantes à des partis politiques.

Briser le système par une commission d’enquête !

Briser la résilience d’un système bien ancré dans le milieu de la construction au Québec sera difficile, voire impossible sans une intervention musclée d’une autorité juridique neutre, de personnes indépendantes et réputées incorruptibles. Les solutions pour nettoyer et reconstruire la confiance commencent à se faire rares. Mis à part une commission d’enquête publique, qui pourrait vraiment briser la résilience d’un système aussi bien enraciné ?

Mettre quelques individus derrière les barreaux fera bonne presse mais ne fera qu’effleurer la pointe de l’iceberg ! La grande majorité des acteurs secondaires ne sera pas touchée. À moins de mettre des milliers de personnes en prison, les réseaux se maintiendront et continueront de profiter du laxisme et de la mollesse administrative. La nature humaine sera encore tentée par les avantages colossaux de la collusion.

Un cadre de Saine Gestion s’impose

Le rapport souligne la mollesse et le laxisme de la gestion du ministère. Le CDSG de l’ISG basé sur les principes de Saine Gestion de l’OAAQ est une solution réelle, pratique et efficace. Il faudra bien qu’un jour quelqu’un comprenne que le laxisme managérial est une porte ouverte sur la corruption etla collusion. Ilfaut être un peu naïf pour croire qu’un changement de paradigmes se fera sans heurts, surtout chez les fonctionnaires et qu’il n’y aura aucune résistance, passive ou active.

Il y a aussi la méthode de l’autruche ou celle de baisser la tête et attendre que la tempête passe.


5 commentaires

par Jean Jacques le 09/16/2011

Il faudrait arreté tout les grand travaux du futur comme le plan Nord et autoroute Turcot temporairement.
Il va falloir revisé notre systeme politique et empeché tout ces politiciens verreux de n’avoir plus ( 1 ) terme au pouvoir.
Si rien ne se passe on va faire faillite.
Tout les partis politique sont identique ( croche )
Une élection n’y changera rien, elle engraissera seulement les amis des partis politique.

par Richard le 09/19/2011

Merci de nous tenir informé M Brault ! j’attend la suite !

par Bernard Brault le 09/19/2011

Cette semaine nous décortiquerons le rapport de l’Unité anticollusion… Ce rapport doit servir à autre chose que d’attraper et condamner 5 ou 6 criminels maladroits ou malchanceux et quelques crapules qui y sont associées pour uniquement faire bonne presse ou satisfaire notre capricieuse et fondamentale société de droit !

Je sens que je vais égratigner …. un peu …

par Jean Claude le 09/19/2011

Nous attendons …… septique !

par Bernard Brault le 09/19/2011

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