Tricher ! et faire comme tout le monde ?

Écrit par Bernard Brault le 26/01/2013

Messieurs les invités tricheurs de la commission Charbonneau, ingénieurs, entrepreneurs, Mesdames et Messieurs les organisateurs politiques, Monsieur Lance Armstrong, sportif déchu, Messieurs les fonctionnaires à l’éthique fragile et autres ripoux :

Tricher, c’est voler quelqu’un finalement !

Depuis trois ans sur ce blogue et depuis plus de 20 ans par le biais de mes écrits, mes travaux avec l’Ordre des administrateurs agréés, et de ma pratique professionnelle, je vous le réitère : une gestion laxiste, un cadre de gestion troué d’incohérence, l’absence de responsabilité des actes posés,  une culture débonnaire, une bureaucratie résiliante au changement et une transparence douteuse dans la prise de décision facilitent la malversation qui, n’a plus qu’à se vautrer grassement dans l’omerta, les transactions glauques, les transactions économiques dans l’ombre,  l’appât du gain, la peur, la menace, le chantage, les enveloppes brunes et les cadeaux ostentatoires qui exploitent les vices et les faiblesses humaines.

Rire jaune !

La commission Charbonneau a permis à plusieurs humoristes de nous faire rire pendant les fêtes de fin d’année. Des poches trop pleines, des coffres-forts qui ne ferment plus ont coloré nos rires gras. Mais en réalité, pour plusieurs, le rire était jaune de jaunisse nauséabonde.

Le problème tient du fait que s’il y a sans doute une proportion importante des citoyens qui profitent directement ou indirectement des largesses administratives, des pots-de-vin, de la collusion, l’autre partie des citoyens sont de parfaits imbéciles qui acceptent de payer. Plus il y a une portion importante de leaders, de décideurs et de gestionnaires crapuleux qui profitent du système, plus il y a une résistance active à ne pas laisser s’implanter un cadre de gestion rigoureux tel que le CDSG de l’ISG. Je peux vous dire que nous faisons l’objet depuis 20 ans de toute sorte de dénigrement pour que ne s’implante pas un véritable cadre de Saine Gestion dans les organisations publiques et les entreprises.

Bienvenue aux princes de l’embrouille et aux rois de l’arnaque

Les mafieux détestent un environnement serré de gestion où l’acte administratif est au centre de la responsabilité des leaders. Et précisément, c’est ce que propose la matrice de Saine Gestion représentée par 41 points d’examens des actes administratifs qui y sont contenus.

Ce n’est pas avec un petit cours sur l’éthique, trucs et astuces que nous allons resserrer les mailles de la gestion. Les tricheurs et autres crapules continueront de rivaliser d’imagination pour perdurer après la tempête de la commission Charbonneau. Heureusement, on n’a pas encore remplacé le code de la route par un code d’éthique !

Les tricheurs

Le dopage des sportifs, la collusion, la malversation, les enveloppes brunes ont en commun une intention de tricher, de contourner la loi, de dévier l’éthique du leadership, et même d’affronter la loi dans son esprit et dans sa lettre.

Les aveux télévisés du réputé cycliste Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France, devant les caméras de l’émission d’Oprah Winfrey auront provoqué pour le moins, l’effet d’une bombe. Renforcée par des cotes d’écoute et une couverture médiatique à rendre jaloux n’importe quel politicien, la déconcertante confession d’Armstrong devant les caméras provoquera une onde de choc qui ébranlera bien des certitudes. Avec beaucoup de détails, nous avons appris comment fonctionne le système : pour avoir une chance de gagner, il faut faire comme tout le monde.

Curieux, cette semaine, monsieur Michel Lalonde, associé senior et président de la firme 25 Genius-Conseil Inc., a déclaré devant la commission Charbonneau, candidement et dans son essence, la même chose pour expliquer ristourne, pot- de-vin, opinion professionnelle accommodante, financement occulte des partis politiques, fausse facture et blanchiment d’argent pour obtenir des contrats municipaux.

Depuis l’automne, les travaux de la commission Charbonneau au Québec mettent en lumière l’omniprésence d’un système mafieux, dans l’octroi des travaux publics, d’une collusion endémique et d’un financement occulte pour les partis politiques des villes de Montréal et de Laval.  Au même titre que Lance Armstrong, les actes décrits par Lino Zambito et les comportements suspects des ex-maires Vaillancourt et Marcotte provoquent le doute. L’ex-maire de Montréal, Gérald Tremblay, n’a rien fait, c’est vrai, dans tous les sens du terme ! C’est aussi une sorte de triche !

Est-ce que tout le monde triche  ?

Selon le désormais célèbre personnage télévisuel, Dr House, tout le monde mentirait, à un moment ou à un autre ! Mais votre  tolérance serait-elle amoindrie si votre médecin trichait lui aussi ? Et que dire de votre notaire et de votre avocat, n’est-ce pas ?  Par contre, si votre fiscaliste triche un peu pour vous avec l’impôt, vous fermerez les yeux. Votre éthique est-elle à géométrie variable ?

La variabilité de l’âme !

Bien sûr que votre éthique est à géométrie variable. C’est humain. À des degrés plus ou moins souples et pour différents sujets. Ce qui risque de vous retenir un peu, c’est la crainte qu’inspire la loi, la peur de se faire prendre, votre éducation et votre sens du mot honneur.

Mais votre tolérance de malversation et de collusion envers autrui seront peut-être inspirées de la chrétienté. « Que celui qui n’a point péché jette la première pierre ».

Voilà pourquoi Lance Armstrong est devenu un héro instantané et vertueux de transparence après ses aveux publics. Mais personne n’ose vraiment s’attaquer à la véritable racine du mal, la vérification des actes administratifs posés par une multitude de complices volontaires ou involontaires.

Les professions du droit, de la comptabilité et de la médecine sont encadrées par la loi, des pratiques et des protocoles encadrés par des ordres professionnels, et leur éthique personnelle est dictée par un code de déontologie. Mais pas les professionnels de la gestion.

La profession de gestion : l’Enfant pauvre

Mais pourquoi la gestion, l’administration, le management ont été oubliés par le législateur ? Certains diront avec une pointe de cynisme, que les législateurs, souvent des avocats, ou des gestionnaires professionnels ne voulaient surtout pas se voir encadrés dans les actes administratifs qu’ils posent. L’imputabilité et la responsabilité civile est une chose, mais l’imputabilité relative à un cadre d’acte professionnel du management en est une autre.

Je persiste et signe.


2 commentaires

par Lebel le 02/01/2013

Votre article résume assez bien votre thèse. Elle s’applique partout, dommage que peu de gens la fasse circuler. Si tout le monde triche, je comprends par contre pourquoi certains leaders ont la peur au fesse de vous voir arriver avec cette approche.

par Jean-Claude Plourde le 02/04/2013

Dans une avalanche, aucun flocon ne se sent responsable…Toutefois, les conditions sont prévisibles.
Quand mettrons-nous en place les observatoires pour prévenir ces types de situation? Le cadre de saine gestion est l’outil par excellence.

Salutations!

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