Élection municipale 2013 : L’ISG se mouille

Écrit par Bernard Brault le 20/10/2013

Les questions toujours sans réponse

Quelques jours encore pour choisir, mais sur quelle base ? Simplement sur les images qui vous sont fabriquées de toutes pièces ? Comment discerner l’intégrité et la compétence dans tout ce cirque médiatique ? On vous propose un petit guide pour séparer le bon grain de l’ivraie. L’ISG se mouille.

Invités à la populaire émission Tout le monde en parle, dimanche soir le 20 octobre, 4 candidats briguant la mairie de Montréal y sont allés de leur promesses et de leurs programmes respectifs. Finalement, ils n’étaient pas très différents les uns des autres, votez pour moi, je suis le plus intègre ! Pas très différents n’ont plus, des candidats des centaines d’autres villes et municipalités qui doivent combler des milliers de postes électifs au Québec le 1er novembre 2013.

Vous aurez moins de cônes oranges, plus de transport en commun, moins de congestion, plus de fluidité, nous favoriserons l’arrivée des jeunes ménages et il y aura plus de respect pour le payeur de taxes. Désolé, je ne comprends rien. Pensée magique pour des solutions vagues, alors que la préoccupation des électeurs est la malversation chronique et l’incompétence des gestionnaires publiques !

Un terrain propice aux humaineries

Les services gérés par la municipalité et par les Villes sont des services de proximité, ceux qui touchent de plus près le citoyen. Le secteur municipal est aussi un secteur de l’administration publique plus fragile à la corruption, à la collusion, et au conflit d’intérêt. Sa structure de fonctionnement, les enjeux des travaux publics, la pression des citoyens, le financement électoral et le pouvoir font des municipalités un terrain propice aux humaineries les plus basses.

Votez !

Il faudra tout de même aller voter, coûte que coûte. Comment discerner l’intégrité et la compétence dans tout ce cirque médiatique ? Choisissez-vous un acteur pour les Oscars ou un bon gestionnaire des services publics ayant l’intention de gérer autrement ?

Parler pour ne rien dire

Un contexte de financement électoral propice aux discours…vides

Lorsqu’un entrepreneur hypothèque sa résidence pour partir en affaires ou accroitre les activités de son entreprise, il s’attend à obtenir un remboursement et un profit correspondant au risque qu’il a pris. Se faire une image et pousser une stratégie électorale pour être vu par les médias et par les citoyens représentent des frais démesurés et proportionnels à l’importance de la population des municipalités et des villes. Les fonds collectés légalement par la campagne électorale sont limités; les candidats, les conseillers ou les maires doivent puiser sérieusement dans leurs poches ou hypothéquer leurs résidences s’ils veulent se faire connaître et espérer gagner. Il y a bien un remboursement prévu par la loi si les électeurs accordent au moins 15% du suffrage. Dans ce contexte, qui osera sortir des sentiers battus ? L’important, c’est de gagner.

Sortir de l’ornière ?

Lorsque des milliers de candidats aux postes de maires et de conseillers, des centaines de villes et municipalités et des millions d’électeurs ont simplement une seule envie: se mettre la tête dans le sable. Peut-on vraiment espérer sortir de l’ornière ? Le ridicule ne tue pas, dit-on ! Mais il semble que tout le monde ne s’accommode pas tant que ça, de ne pas en mourir. Soit !

La vraie question de cette campagne 2013

Alors, nous, citoyens, répondons aux sondages, chacun y allant de sa petite idée et de ses besoins à courtes vues et, surtout, nous ne voulons pas entendre parler de taxes. Les candidats vous offrent alors ce que la majorité semble désirer. Tout et n’importe quoi. Démocratie ou démagogie ? Rappelez-vous que si vous ne comprenez pas les explications de certains candidats, c’est peut-être simplement parce qu’ils disent « rien ». Maintenant, la question n’est pas tant de savoir s’ils vous offriront un pont, un train ou un tramway, un parc ou des stations de Bixi, car ils changeront d’idée de toute façon après des études commandées à grands frais. Mais, comment vont-ils gérer tout ça ? Bon, encore là… rien !

Rien !

Rien, simplement rien !

Guide de questions (et réponses) pour candidats qui ne disent rien

Je vous propose un petit guide de questions à poser aux candidats de votre municipalité pour remplir le vide affolant de leur discours, déjouer la démagogie et débusquer la fausseté des concepts proposés. Pour les valeureux et les honnêtes candidats, je chuchoterai quelques réponses (chuutttt !).

De la Saine Gestion, ils n’en ont souvent entendu que des énoncés superficiels. Vous en doutez ? Suivez-moi.

Vous avez encore dit Transparence ?

Cher candidat, pour la millième fois, vous associez le mot intégrité à la transparence. Celle du management, bien sûr, pas celle d’un certain voile … politique.  En quoi la transparence garantie-t-elle votre intégrité ? Vous parlez de la votre ou de celle de votre future administration ? Comment allez-vous dompter la culture d’omerta de cette bureaucratie ? Surtout dans les grandes villes ? Quels sont les moyens que vous proposez ?

Pour avoir l’air savant en management, vous pourriez répondre :

Que vous allez imposer par décret ou par règlement, même s’il existe déjà des lois qui vous encadrent, l’association du principe de transparence dans toutes les redditions de compte du bas de la hiérarchie vers le haut de l’administration municipale.

Que vous allez imposer aussi à la gouvernance une transparence par la divulgation, de façon plus précise, des intérêts personnels présents et passés des élus, ainsi que leur démission automatique en cas d’omission volontaire.

Que vous allez imposer la divulgation des avantages qui vous sont conférés à titre d’élus : pension, prime de départ, vacances et voyages.

En d’autres termes, vous pourriez ramener dans le cadre de gestion les éléments de management lies à des valeurs de Saine Gestion.

Pourquoi vous ne parlez pas de Continuité ?

Cher candidat, ne tentez pas d’éviter la question. La continuité, ce n’est pas du « patchage de rue » ou  du « facelift » de route défoncée. Aurez-vous le courage de prévoir une pérennité des travaux de reconstruction qui prendront fin bien au-delà de votre mandat ? Aurez-vous le courage de dire qu’il y aura encore des cônes oranges ? Et les transports en commun, qui osera dire qu’il faudra payer ?

Pour avoir l’air moins ingénu, vous pourriez donner un exemple : En imposant par règlement l’acte de planification avec celui de continuité, vous pourriez éviter que des rues fraîchement pavées se fassent de nouveau défoncer pour passer un tuyau ou un fil électrique oublié.

Vous pourriez identifier ainsi quel est le rouage bureaucratique qui fait défaut et le faire remplacer le cas échéant. Chuutt !

Vous n’avez pas dit Abnégation ?

Surtout pas. Exprimer qu’un conflit d’intérêt réel ou apparent doit se résoudre par la subordination de ses intérêts personnels en faveur de l’intérêt commun et de la municipalité se bloque à la sortie de votre bouche.

La gestion défaillante des conflits d’intérêt est une des sources majeures de malversation. Que ferez-vous, pratiquement, pour endiguer la propension naturelle de l’humain à l’humainerie ?

Évidemment, on vous a assuré, par la voie de vos juristes, que l’éthique était une réponse suffisante et que des centaines de lois concernant le domaine municipale encadraient votre démarche politique. Donc, vous êtes irréprochables.

Juste pour dissoudre un peu plus le doute sur votre intégrité, en matière de contrats municipaux, par exemple:

Vous pourriez proposer le dépôt de règlements et politiques internes de management pour tous les élus, gouvernants et gestionnaires municipaux qui responsabiliseraient et identifieraient les acteurs fautifs par de subtiles processus administratifs vérifiables. Consulter les propositions d’ADGMQ et de l’ISG.

Vous devriez parler d’Équilibre !

Le déséquilibre organisationnel municipal viendrait de la province de Québec, des lois désuètes, des fusions tronquées et des défusions politiques ayant créé des sous-villes dans des villes. Selon L’actualité du 1er novembre 2013 sous la plume de Jean Benoit Nadeau, d’éminents maires et ex-maires expriment leurs sentiments qui les conduisent à conclure à une infantilisation des villes et à une incapacité chronique d’agir hors des champs de compétences. Par conséquent, ils proposent une refonte de la structure politique municipale.

Repenser cette instance politique sans reconnaître que le Québec est un pallier politique responsable des municipalités pourrait amener le  morcellement administratif de son territoire et créer des petits royaumes municipaux n’ayant pas les mêmes obligations que leurs voisins. Ne serait-ce que pour les règles d’application environnementales, les fosses septiques et les protections des sols, la sécurité publique et les services d’incendies.

Pour dire quelque chose cette fois :

À vous candidats de Montréal et pour les autres aussi:  Vous pouvez invoquer ce principe pour expliquer que l’intérêt de tous doit être en équilibre avec les intérêts sectoriels ou même ceux d’un petit nombre.

Que vos promesses ne peuvent aller uniquement combler les intérêts d’un arrondissement au détriment des autres arrondissements ou des automobilistes.

Que tout doit être maintenu dans un équilibre salutaire pour ne pas étrangler la vitalité de Montréal. Commerce, affaires et emplois ne doivent pas être en contradiction avec qualité de vie, bicyclettes, tourisme, stationnement et détournement de petits royaumes promulguant le pas dans ma cour. 

Difficile d’être équilibré devant des adversaires politiques qui sont prêts à tout promettre et à tout salir pour prendre le pouvoir. Il faut sans doute s’appuyer sur le principe d’équilibre et sur une certaine gestion du compromis.

Il y a une forme de démagogie manipulatoire de l’électorat de se faire élire sur des promesses, puis de se laver les mains en reportant le blâme sur une instance supérieure.

Les candidats municipaux sérieux devraient plutôt promettre de faire tout en leur pouvoir pour négocier des ententes favorables avec l’instance supérieure pour assurer un équilibre salutaire.

Laisser croire ou encore se croire imbu d’un pouvoir qui excède son mandat est une rupture de la structure de poids et contrepoids de nos systèmes politiques.

Vous pourriez aussi rappeler que l’absence d’un poids et contre poids dans l’administration est une source de malversation. ( Équilibre)

Préférez-vous parler d’équité ?

Ce n’est pas dans le mandat des élus municipaux de repenser la charte des droits et libertés. Au niveau municipal et urbain, il s’agit sans doute de l’application de règles d’équité envers le traitement des citoyens. Dans l’attente de règles claires sur les accommodements raisonnables, les élus peuvent orienter les politiques municipales avec ce principe.

Suggestions de réponses, mesdames et messieurs les candidat(e)s : Vous pourriez avoir une meilleure cote de gestionnaires si vous parliez de ce principe et que vous vous inquiétiez d’avantage de l’équité pour vos concitoyens devant l’administration des services municipaux, de la demande de permis, des dérogations pour les terrains, zones et dézonages, etc.

Vous pourriez aussi rappeler qu’une iniquité apparente peut aussi cacher malversation et collusion !!!

Mais, il faudra parler aussi d’Efficience ?

Dans les plus petites municipalités, il y a encore des chances que vous soyez capables de conjuguer efficacité et économie des moyens. Un bon directeur ou directrice générale peut appliquer une gestion rigoureuse définie par un cadre de gestion qui limite ou éconduit l’ingérence politique sur l’administration publique, des règles de gouvernances qui assurent la transparence, la continuité des services, l’équilibre et l’équité du traitement des citoyens et de l’abnégation des fonctionnaires contribuent à l’efficience organisationnelle.

Mais, dans les grandes villes, la bureaucratie, la résiliente et l’indécrottable machine bureaucratique, celle qui est programmée pour survivre à tous les tsunamis, celle de l’omerta permanente, des guerres de pouvoirs, des avantages indus et de la malversation jamais endiguée parce qu’indissociable aux fonctionnements et aux procédés des services municipaux. Que ferez-vous ?  Rien, peut-être ?

Cher(e)s candidat(e)s, si vous répondez finalement avec une langue de bois qui finalement signifie «rien», je vais alors suggérer à vos adversaires ce petit rappel : Une maison, comme un Hôtel de Ville, qui est mal tenue, mal lavée, les portes ouvertes et les fenêtres qui ne ferment plus, et entasse ses déchets et immondices, attire cancrelats et autres malfrats. Que ferez-vous pour la nettoyer ?

Les mafieux détestent un environnement serré de gestion où l’acte administratif est au centre de la responsabilité des leaders. Et précisément, c’est ce que propose la matrice de Saine Gestion représentée par 41 points d’examen des actes administratifs qui y sont contenus.

Ce n’est pas avec un petit cours sur l’éthique, trucs et astuces que nous allons resserrer les mailles de la gestion. Les tricheurs et autres crapules continueront de rivaliser d’imagination pour perdurer après la tempête de la commission Charbonneau. Heureusement, on n’a pas encore remplacé le code de la route par un code d’éthique !

Encore une fois, si vous me demandez pourquoi il y a encore de la résistance à l’implantation d’une telle approche, je vous dirai, au risque de me répéter, que c’est une question d’allergie.

Saine Gestion est allergique à la malversation, au copinage, aux conflits d’intérêts, aux mégalomanes, narcissiques et psychopathes organisationnels, aux scélérats, flibustiers, malfrats, forbans, tricheurs, pervers, crapules, cancrelats et autres  personnages lugubres qui rôdent dans certaines de nos villes et municipalités ou qui tirent avantage de ne pas trop brasser les choses.

Mais ça, je n’y peux rien.

À bon entendeur, salut !

À quelle question voudriez-vous enfin avoir des réponses claires de la part des politiciens?



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