Rois de l’embrouille, voici l’intégrité à géométrie variable.

Écrit par Bernard Brault le 26/10/2012

Rois de l’embrouille et princes de l’arnaque, devant l’évidence, niez tout !

Tous aux abris ! L’escouade « Marteau » va cogner. Niez tout ! Voilà le mot d’ordre. Sourdes et aveugles, armées d’une armure de téflon, la collusion et la corruption sont difficiles à prouver. Donc niez tout,  il y a de fortes chances que l’on ne pourra qu’ébranler votre intégrité. Après tout, la mémoire collective et publique est une faculté qui …. finit par tout oublier.

Dans un sens notre système de droit protège contre les abus de pouvoir et les allégations futiles. Dans un autre sens, les mailles du filet des lois en matière de gouvernance sont grandes et facilement contournables. L’effort colossal d’enquête pour condamner absolument quelques crapules risque malheureusement de s’essouffler avec le temps.

Après la pluie, le beau temps

La commission d’enquête publique fera une grosse tempête où tous les vaisseaux seront secoués, mais seulement quelques-uns feront naufrage, en général, les plus petits. Mais si l’on en attrape un gros, un gros de gros qui se vautre dans une piscine d’or recueilli à coup de 3 %, serons-nous rassasiés ? Serons-nous plutôt affolés devant l’ampleur apocalyptique du désastre démocratique et l’écroulement de la confiance envers nos leaders et nos managers de la fonction publique ?

Ne touchez pas au Grand leader !

Il y a des gens sérieux dans de grandes écoles sérieuses qui nous disent qu’il ne faut pas encadrer la liberté du leader. Il y a un malaise à exiger de façon systématique du leader qu’il applique les principes de transparence, de continuité, d’efficience, d’équilibre, d’équité et surtout d’abnégation dans tous leurs actes administratifs. Plusieurs croient que la magnificence charismatique et les impératifs de la gouvernance permettent une tolérance du « péché véniel » pour maintenir la motivation.

Monsieur le juge, croyez-moi, je suis presque intègre !

À part un ou deux petits 3 % en dessous de la table, je n’ai rien fait croyez-moi, je n’ai volé personne.

L’intégrité, encore l’intégrité. Après la mode de l’éthique, on donne des cours maintenant sur l’intégrité. Des jours et des jours de réflexion pour vérifier si la question éthique de l’intégrité ne dépend pas du contexte. Peut-être que l’intégrité parfaite n’existe pas et qu’il y a des degrés dans l’intégrité. On finira par nous convaincre que l’intégrité ne veut pas tout à fait dire intégrité et que l’intégrité est une aspiration pour la vie des anges ! La raison est simple. Nous  comprenons tous maintenant, que trop de gestionnaires municipaux et managers de projets ont un petit larcin sur la conscience. Il leur faut donc une intégrité à géométrie variable pour alléger le poids de la conscience, le cas échéant.

Horribilis causa : Confiance et intégrité n’ont pas de lien

Comment peut-on imaginer le moindre compromis que ce soit sur l’application du mot « intégrité » ? À force d’analyse pseudo-scientifique, on finira par nous convaincre qu’il n’y a pas de lien entre la confiance et l’intégrité et que son application varie selon les leaders et leur culture.

Saine Gestion : une sorte de métarègle de gouvernance anti-évitement ?

Pour ceux qui ne connaissent pas le concept, en bref, Saine Gestion avec un S et un G majuscules est un système qui assujettit les fonctions de gestion (1) aux principes fondamentaux de Saine Gestion (2). La combinaison des éléments forme une matrice intégrée qui trouve son application pratique dans un cadre de gestion, appelé CDSG (Cadre de Saine Gestion). Ces éléments et leurs associations respectives totalisent 41 cases qui proposent des règles de gouvernance et de gestion pour que la gestion d’une organisation soit considérée conforme aux principes de Saine Gestion de l’OAAQ.

Que le juridique nous rappelle que le droit canadien et les chartes des droits et libertés nous garantissent la présomption d’innocence est une chose.

Que le juridique et le législatif se cachent derrière l’absence de loi et de règles pour justifier le laxisme administratif est une autre chose. La loi sera toujours fardée de trous aussi immenses que la fertile imagination des rois de l’embrouille et les princes de l’arnaque qui travailleront à l’éviter. En matière de management et de gouvernance publique, la loi semble toujours en retard sur la criminalité. 


5 commentaires

par Stéphane le 10/26/2012

Déchaîne je vous dit enfin. Que de vérité. L’apathie généralisé des Lavallois fait peur. Je suggère un appel d’offre pour une plus grandes prison que l’on pourrait faire construire par tous les dirigeants a %, mais cette fois a titre de pensionnaire….

par Guy Vauban le 10/26/2012

Je suis révolté, comment peut-on affirmer que tout va bien dans notre ville (quel quelle soit)? Alors que des employés, des cadres, des hauts responsables sont soupçonnés de fraude, de collusion, de malversation, de détournement et j’en passe.
À moins que nous soyons tous d’accord, après tout c’est un mode de rémunération comme un autre et elle a l’avantage d’être net d’impôt et il semblerait que l’ont peut être absout de tous nos péchés en témoignant devant une commission. Sainte gestion priez pour nous qui avons péché.
Quel modèle avons-nous créé? Devant le ridicule de la chose, je me demande maintenant, si un grand patron de société répondait que tout va bien dans son entreprise, alors que des soupçons sur son personnel et sur lui-même étaient médiatisés, s’il aurait la même outrecuidance que ses homologues municipaux.
Et les retraites très généreuses de ce beau monde qui nous a trompés collectivement, vont-elles être réduites ou supprimées? Ben-voyons, on n’est pas méchant…. on est …

par Claude le 10/27/2012

J’ai lu sur Linked’in que c’était culturelle.
Vive la culture…. je vais aller cultiver.

par Bernard Brault le 10/27/2012

Messieurs, le risque est de tout banaliser par un humour discutable. Une société ne peut jamais éradiquer complètement la corruption. Mais en général les coquerelles (Cancrelats) sont attirer par les ordures et la malpropreté. En maintenant un niveau de salubrité élevé il y a beaucoup mois de chance de voir s’installer la vermine.

Faut croire qu’il y a des élus, gestionnaires et citoyens qui tolèrent l’insalubrité de la gestion municipal. Et vous dans votre municipalité …..
A suivre dans un cinéma près de chez vous.

par Charles Pouliot le 10/31/2012

Oui, on ne peut éradiquer complétement la corruption. Et comme vous le dites si bien, les coquerelles (Concrelats) sont attirés par les ordures et la malpropreté. …mais le « problème », c’est que ces ordures et cette malpropreté, ce sont plus souvent qu’autrement des Inst. financières de tout type (je me permets de le dire pour y avoir travaillé), la construction et même des organisations de types « coopératives » de grande envergure, etc.

En fait, nous sommes éduqués à ne pas tolérer la corruption, mais le hic, c’est qu’en parallèle, on doit survivre dans ce monde. Et c’est là que la tolérance de la corruption s’installe…

Il faut être vigilant et se rappeler à sois même, être voir même courageux parfois. Et surtout sur ce point capital que je désire ici insisté; car parfois, il faut avoir le courage de ses convictions et savoir se tenir debout. Et ces dans ces moments qu’on se retrouve souvent seul. C’est ainsi. On nous apprends tous les meilleurs principes de gestion dans les écoles/universités, mais une fois dans la « vraie vie », c’est la loi de jungle!

Etre gestionnaire, c’est être capable de naviguer dans ces zones grises, tout en étant et demeurant intègre. Car oui, il faut « naviguer » ainsi plus souvent qu’autrement.

En terminant je dirais que la base de la gestion, c’est le respect de ses collègues, pairs. Tout passe par ce « principe ». Le reste c’est de la technique.

Salutations d’Afrique!

Charles Pouliot, MBA

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