Tutti frutti de mauvaise gestion ! Montréal se refait une beauté.

Écrit par Bernard Brault le 16/06/2011

Trois cardiologues se penchent sur le cas d’un patient gravement malade. Le premier propose de débloquer les artères qui asphyxient le coeur. Le second suggère un pontage coronarien de toute urgence et le troisième en vient à la conclusion qu’une greffe du coeur est l’unique solution. Les trois chirurgiens réservent la même salle d’opération, la même journée, pour le même patient.

Gouvernance d’apprenti sorcier

La région de Montréal est en train de devenir un laboratoire d’incuries administratives. D’abord une ville ingouvernable, amalgame d’arrondissements semi-autonomes dirigés par des roitelets aux agendas divergents qui apprennent sur le tas et découvrent les mots coordination et planification. Ne parlons pas de diagnostic, c’est-à-dire d’une évaluation objective de la situation, parce que l’idéologie politique prendra le dessus et l’intérêt d’un seul permettra de nuire à tous.

Entre-temps, se déplacer à Montréal, en particulier à l’est de l’avenue du Parc, est devenu la traversée de l’enfer. Entre l’entretien dit préventif et les urgences correctives des ponts et chaussée, de l’électricité, du gaz, de l’aqueduc qui n’ont manifestement pas été refait depuis 25 ans, voire 50 ans et l’idéologie politique gauchisante de la bicyclette pour tous dans un univers propre, vient de s’ajouter depuis hier l’entretien d’urgence d’un pont vieux de 70 ans qu’il faut subitement et inopinément réparer d’urgence. La traversée des ponts pour accéder à Montréal ou en sortir vers la rive sud viendra ajouter au plaisir de travailler ou de visiter celle qui fut un jour la métropole canadienne.

Faire la leçon !

Évidemment on trouvera bien un ou deux enquiquineurs pour espérer que les automobilistes se convertiront par enchantement en cyclistes ou opteront pour le transport en commun inefficace ou inexistant pour la plupart des banlieusards. Pour les gens du Plateau, c’est bien l’été, quand il ne pleut pas trop ! Et la neige, en juin, on a déjà oublié !  C’est un peu comme le Grand Prix de Montréal qui est devenu le symbole de la consommation d’essence et de la richesse à outrance selon le député Amir Kadhir.  Demander que la formule 1 se transforme en course de voitures électriques n’a pas plus de sens que de demander aux joueurs de hockey de la Ligne nationale de troquer leurs patins à lame pour des roulettes. Cachez ce sein que je ne saurais voir !

« L’attitude » qui prédispose à une mauvaise gestion

Ça pense à quoi un gestionnaire quand ça gère ? Ce n’est pas l’idéologie politique qui est vraiment en cause. Un courant de pensée et une vision plus humanistes de la société assurent un contrepoids et une qualité de vie dans une économie de marché. Par contre, ce qui est dommageable c’est l’attitude des gestionnaires qui ont subitement un pouvoir, éphémère parce circonstanciée par les médias ou à plus long terme, par des fonctionnaires ou des administrateurs de sociétés publiques et de gouvernances encroûtées de privilèges et d’immunité. La survie politique et la protection des acquis peuvent devenir un véritable conflit d’intérêts pour ceux qui prétendent être au service de la société.

Pas dans ma cour !

L’attitude du « pas dans ma cour » ne résout rien. Elle fait peut-être plaisir à certains commettants d’un roitelet local, mais n’apporte aucune vision à la société, à la collectivité. Ici, ce sont les principes d’Efficience et de Continuité qui sont en jeu. À quoi servent tous ces paliers de coordination, Conseil municipal, arrondissements, Communauté métropolitaine, gouvernement du Québec et autres organismes et comités de travail ?

J’veux pas savoir !

L’attitude du « j’veux pas savoir » ne rime pas avec prévention et atténuation des impacts sur la circulation. On a parfois l’impression que Montréal a fait l’acquisition d’un stock inépuisable de cônes oranges pour tester la patience de méchants automobilistes.  Mais cela relève plutôt d’une absence de gros bon sens enseveli sous l’immobilisme administratif. L’inversion du sens de la circulation, par exemple, sur l’avenue Du Parc à certaines heures de la journée, semble immuable, même lorsque des réparations planifiées occasionnent d’interminables bouchons.  Si la rue principale, pour accéder à l’hôpital, doit être réparée d’urgence (bris d’aqueduc, par exemple) et qu’en même temps les deux seules rues secondaires font l’objet de réparations préventives cédulées depuis des mois, on peut se demander pourquoi ces dernières n’ont pas été reportées ?

Condescendance

L’attitude « condescendante » devant la marée humaine ayant à se déplacer pour travailler, gagner sa vie et alimenter l’économie montréalaise est aussi contraire à l’esprit d’une Saine Gestion. Pour mémoire, le concept de Saine Gestion nécessite le respect des 6 principes de Saine Gestion, sans qu’aucun de ces principes ne soit utilisé au détriment des 5 autres.

Ainsi, pour un maire d’arrondissement, invoquer la qualité de vie et le principe d’Équité pour certains de ses commettants sans tenir compte du principe de Continuité, est la porte d’entrée au dérapage administratif. Comment peut-on négliger le principe d’Équilibre dans une vision globale de la grande région de Montréal? Comment peut-on écorcher à ce point le principe d’Efficience, c’est-à-dire de l’efficacité au détriment de la circulation?

Ce qui devait arriver arriva

Le principe de Continuité, ou de ce que certains appellent la pérennité des actifs, ou encore ce que d’autres appellent le développement durable, n’était pas dans la conscience éthique des gestionnaires qui, au cours des 25 dernières années, ont simplement reporté le problème au suivant.

Gérer autrement !

Soit ! Ils sont devant le fait accompli. Réparer les pots cassés de gestionnaires omnipotents et franchement incompétents des générations passées coûtera cher. Cependant réparer des erreurs en reproduisant les mêmes erreurs tout en maintenant une culture de non-respect pour les automobilistes, ne fera pas de ces nouveaux gestionnaires de véritables héros. Cette fois, ils doivent respecter le principe de Continuité, c’est-à-dire une vision à long terme des travaux d’infrastructure, sans nuire à l’efficacité et à l’économie des moyens (principe d’Efficience). Ils devront aussi respecter le principe d’Équité envers tous les commettants de la région de Montréal et forcer les roitelets à une coordination efficace de l’espace routier qu’ils gèrent avec leurs voisins et cela au profit de tous.

Une instance supérieure, le législateur québécois peut-être ou quelle qu’elle soit, devra imposer amendes, sanctions sévères, réprimandes et congédiements à tous les gestionnaires, incluant les entrepreneurs privés, qui refuseront de coordonner, de déplacer ou de reporter leurs activités d’entretien, de construction d’infrastructures, d’aqueduc, de gaz, d’électricité, de téléphone, et aux autres roitelets qui décident de contrôler au moment inopportun la circulation dans leur quartier.

Recommandation : Principe de subsidiarité

L’ISG propose en complément aux principes de l’OAAQ le principe de subsidiarité. Ce principe de type administratif s’applique au même titre que le principe de prudence, de consultation et de recul, avec la fonction de direction. Cette notion permet de mieux gérer la notion de délégation de pouvoir, de décentralisation et de déconcentration des pouvoirs administratifs.

L’autorité supérieure a non seulement un devoir de protection de l’autorité inférieure, mais elle a aussi l’obligation d’intervenir à l’intérieur de ses champs de responsabilité, le cas échéant.

Nonobstant ce qui précède, une autorité supérieure n’interviendra que lorsqu’une autorité située à un niveau hiérarchique inférieur aura révélé son incapacité d’agir à l’intérieur de son champ de compétence.

L’objectif est de faire en sorte que l’autorité supérieure commune à plusieurs décideurs  n’intervienne que lorsqu’une autorité située à un niveau hiérarchique subordonné aurait révélé son incapacité d’agir à l’intérieur de son champ de compétence.

Nous y sommes, avant de caler davantage dans l’incurie, agissez maintenant !


2 commentaires

par Jean-Claude Plourde le 06/17/2011

Bonjour à vous toutes et tous,

La subsidiarité : J’en suis.

Ce principe moral issu de l’église catholique qui énonce : « qu’une organisation de rang élevé et de taille importante commet une injustice, une faute grave et perturbe l’ordre établi lorsqu’elle s’arroge des fonctions qui pourraient être exécutées efficacement par des organes plus petits et de rang inférieur» est à la base du concept d’organisation. En terme plus simple, c’est mal de voler aux individus leurs responsabilités. Cette subsidiarité est l’idée centrale du concept d’organisation. Elle est nécessaire aux changements véritables, indispensable au travail d’équipe tout comme à la moindre tentative de rendre les individus plus responsables.

Plus personne ne croit que c’est au centre et en haut de la hiérarchie que l’on a la meilleure vision des choses. Les leaders n’ont plus la possibilité de mener seuls les réflexions à la place du reste de l’organisation : les personnes ne le veulent plus. Dans les cas où les individus abandonnent une partie de leur pouvoir au centre, car ils pensent que le centre peut mieux faire certaines choses de manière collective qu’ils ne pourraient le faire sur une base individuelle, ils doivent négocier ce partage de responsabilités entre les parties et ensuite l’enregistrer dans une constitution. Il y va du principe adjacent, l’imputabilité.

Ainsi soit-il…

Salutations!

par Landry le 06/17/2011

Prévoyance et anticipation ne semblent pas faire partie ni du vocabulaire ni même faire partie de la programmation du « disque dur » des élus municipaux, et donc afortiori des gestionnaires soumis aux caprices des roitelets. Nous avons eu l’occasion dans un passé maintenant lointain de travailler avec les 29 roitelets qui à l’époque constituaient la Communauté Urbaine, mécanisme qui visait à donner une sorte de vision d’ensemble…C’était la cacophonie, mais on pouvait espérer qu’à la longue une vision se dégagerait qui pourrait provoquer une certaine adhésion. Le P.P atenté d’aller un cran plus loin avec LA fusion.
Mais une nouvelle démocratie fut instituée par un dénommé Jaen Charest qui permit une défusion ..partielle….un beau chiard. Donc en plus de ses problèmes propres, Montréal doit composer avec l’impact et l’inertie provoquée par la défusion …partielle qui donne à chacun de faire comme il veut sans aucune vision d’ensemble…..M. Drapeau, on a besoins de vous…un peu dictateur certes…, mais homme de vision!!!!!

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