L’éthique au cœur d’un débat «éthique» à Québec!
Sommes-nous devenus complètement fous au Québec ! À force d’entendre parler de corruption, de malversation et d’embrouille de toutes sortes dans l’octroi des contrats de construction et dans le comportement de certains élus et officiers municipaux, l’éthique, cette déesse au mirage salvateur, est en train de conduire le navire et son équipage en eau trouble et abyssale. Climat de travail et conflit d’intérêts dans le même guide. Bravo !
Heureux qui comme Ulysse …
Dans l’Odyssée d’Homère, Ulysse sait que son navire doit passer près de l’île aux sirènes redoutables. Malgré les sages conseils reçus, Ulysse veut les entendre lui-même. Il se fait attacher au mat de son navire, non sans avoir pris soin de faire boucher les oreilles de ses marins avec de la cire. L’île se profile.
« Viens à nous ! Ulysse ! Le savoir est notre trésor et nous le partagerons »
Ulysse hurle qu’on le détache ! Mais ses marins ont compris et, au contraire, ils le serrent plus fermement encore ! Finalement, le navire passe, et l’île aux sirènes s’efface…
L’éthique, cette redoutable sirène
Aujourd’hui personne ne retient nos dirigeants devant la tentation. Nous sommes tombés dans une abyssale tourmente. Le chant des sirènes nous entraîne vers des contrées dangereuses de la corruption où la démocratie ne règnera peut-être plus en maître.
Le Devoir de samedi 29 octobre révélait :
« la Ville de Québec a donné cette année un contrat de 69 320 $ à l’expert en éthique René Villemure pour l’aider à réaliser un guide éthique comme l’exige le gouvernement du Québec. Octroyé en mars, le mandat a consisté à consulter des représentants des groupes d’employés de la Ville pour trouver des valeurs communes. »
Dans son édition du 3 novembre, Le Devoir rapporte maintenant une nouvelle controverse. Un premier éthicien, monsieur Bégin de l’université Laval, aurait eu lui aussi un mandat :
« M. Bégin suggère que l’administration Labeaume n’a pas voulu travailler à partir de son rapport en raison des passages controversés sur les relations houleuses entre le maire et les employés de la Ville. »
« M. Bégin, qui n’a pas eu de nouvelles de la Ville depuis le dépôt du rapport, pense que le dossier a été récupéré « par le politique ». Contrairement à M. Villemure qui relevait directement de la direction générale durant son mandat, M. Bégin a travaillé sous la supervision du Service des ressources humaines. Il se demande dès lors quelle « commande » M. Villemure a pu recevoir. »
C’est précisément à ce niveau que nous avons de grandes réserves sur l’approche éthique pour contrer la mauvaise gestion et la corruption. Loi provinciale ou pas, le problème demeure : Quelles valeurs ! Celles du patron, du maire, des avocats, du conseil de Ville, du syndicat, des employés ?
Bon, il y aura aussi cette question, encore faussement de nature éthique, liée à l’absence d’appel d’offres dans le cas l’Institut d’éthique appliquée, chacun voyant midi à sa porte, les consultants trouveront justification à leurs démarches et à leurs honoraires.
Éthique contre gaspillage, collusion et corruption
Alors, je persiste et signe: Si on remplaçait le code de la route par un code d’éthique …. Juste pour rire !
L’objet de la nouvelle loi sur l’Éthique visait à policer le conflit d’intérêts, la malversation et la corruption à ce que je sache. D’ailleurs, le vocable « code d’éthique » est erroné. L’éthique ne se codifie pas, en réalité on parle d’un code de comportement selon des valeurs éthiques. Mais ça personne n’en parle !
Bon, je simplifie un peu. En éthique on parlera de respect, de bienséance, de politesse, de courtoisie. Qui aime ça se faire secouer les puces ? Même le pire cancre vous dira qu’il ne mérite pas de se faire invectiver !
Climat de travail
C’est important en Saine Gestion. Le climat de la gouvernance s’en fout, mais nous l’avons classé sous Organisation avec Équité ou encore sous Direction avec Équité, dans notre matrice. Cela fait partie des règles de Saine Gestion. Mais de là à codifier la courtoisie et la politesse et d’appeler ça un guide antimalversation et anticorruption, là, je commence à désespérer !
Juste une obligation de Saine Gestion
Au lieu de parler de gouvernance et de règles de Saine Gestion, on préfère parler d’éthique pour donner bonne presse à la gouvernance. Le problème, c’est que l’éthique est, par définition, une appréciation des valeurs qui passe par la perception que l’on a de nous-mêmes.
Tout va très bien madame la marquise ……..