Le Cadre de Saine Gestion
Vox populi, Vox Dei ! La mauvaise gestion des organismes publics, les scandales à répétitions, le cafouillage dans la gestion de la machine démesurée de la Santé, l’apparence de conflit d’intérêts dans le financement des partis politiques et l’attribution des contrats de construction dans le monde municipal, la contre-performance de la Caisse de Dépôt, sans oublier les investisseurs floués par Vincent Lacroix et Earl Jones, ont tous contribué à une sorte de désensibilisation du public devant l’horreur et l’imbroglio des administrations politiques. Le coup de grâce sera bientôt donné par nos humoristes québécois qui nous feront collectivement rire à gorge déployée, bien sûr, mais contribueront à la banalisation de l’inconcevable : Tout le monde le fait, fais-le donc !
Il y en aura d’autres qui diront que les dérapages administratifs et la corruption ont toujours fait partie du décor et seront encore présents dans un siècle, parce que où il y a de l’homme il y a de » l’hommerie « . Autrement dit, il n’y a pas grand chose a faire. Nous n’avons qu’à poursuivre ceux qui exagèrent et les imprudents qui se sont gavés jusqu’à plus faim et qui ont laissé des traces suffisantes pour être pris par les fins limiers des fraudes économiques de la police. Un pas de plus et on donnera des cours à ces pauvres et sympathiques imprudents, tant qu’à faire !
D’autres encore trouveront le moyen de démontrer que les médias ont contribué au délire collectif. Pour eux, une enquête publique ne contribuera qu’à alimenter ces méchants journalistes assoiffés de sang, et qu’après des millions de dollars en dépenses publiques, il n’en ressortira qu’une partie de la vérité. Évidemment ! Cachez ce sein que je ne saurais voir !
Finalement, dans ce débat, nous trouverons bien quelques universitaires, quelques ordres professionnels ou autres organismes voués à la protection du public pour nous expliquer que la gestion est complexe, qu’il n’y a pas de solution simple, que la compétence est rare, que l’éthique, ce n’est pas vraiment de l’éthique managériale, et que la gestion finalement, c’est tout, n’importe quoi et même son contraire. Bravo ! Tout est en place pour le prochain scénario catastrophique.
Pourrions-nous rendre la vie plus difficile aux habiles couleuvres de la gestion ? Pouvons-nous resserrer toutes les mailles du filet, et pas seulement quelques-unes ?
Personnellement, je crois que sans encadrement managérial et éthique, il est inacceptable de laisser libre cours à l’imagination des gestionnaires et surtout à la probabilité qu’ils contournent les prochaines contraintes administratives et cléricales qui seront imposées par nos législateurs.
À mon avis, il faut une solution globale et universelle, c’est à dire implanter un véritable Cadre de Saine Gestion et de saine gouvernance intégrée, dont les valeurs d’éthique et de droit ne seront pas en confrontation les unes (avec les) aux autres.
Par exemple, les gestionnaires ont appris à se servir du principe de Transparence mais ils oublient souvent d’utiliser ceux de la Continuité, de l’Efficience, de l’Équilibre, de l’Équité et bien sûr de l’Abnégation.
Selon le modèle de Saine Gestion, ces six principes doivent cohabiter en homéostasie pour assurer la viabilité d’une organisation et l’intégrité de ses gestionnaires. Aucun principe ne peut être invoqué au détriment des autres principes pour justifier les irrégularités de gestion.
S’appuyant sur les Principes de Saine Gestions Généralement Reconnus de l’OAAQ, l’Institut de Saine Gestion (ISG) propose un modèle systématique rigoureux pour assurer une Saine Gestion aux organisations. Le cadre de Saine Gestion peut être alors vu comme un grand classeur intégrateur qui s’assure que le maillon le plus faible de la gestion ne viendra pas encore briser la confiance en la profession de gestionnaire.
L’ISG croit que cette confiance presque perdue, peut se rebâtir dans la mesure où les gestionnaires acceptent aujourd’hui un cadre de gestion, dans lequel des valeurs de Saine Gestion seront intégrées systématiquement aux actes quotidiens qu’ils posent. Leur compétence d’administrateur devrait être assujettie à un cadre qui assure et protège leur intégrité. Autrement dit, les problèmes récents associés à la gouvernance et à la gestion des organismes publics ou privés sont moins reliés à l’incompétence des gestionnaires en poste qu’au manque d’encadrement qui pourrait baliser les pouvoirs de ses dirigeants en appliquant les Principes de Saine Gestion Généralement Reconnus. S’acharner sur les dirigeants à grand renfort de scandales, apparemment, ça ne règle rien.
Le modèle de Saine Gestion est un système intégré et, somme toute, assez simple pour exprimer et appliquer les principes de Saine Gestion. De façon proactive, le gestionnaire peut s’interroger sur chacun de ses actes de gestion (Fonctions de gestion) à savoir : Planifier, Organiser, Diriger, Contrôler et Coordonner en les combinant avec les six principes fondamentaux, ex : (Planifier avec Transparence, Organiser avec Continuité, Diriger avec Abnégation etc.) Ces valeurs de Saine Gestion sont depuis longtemps colligées par l’OAAQ sous la forme d’un compendium des Principes et Normes de Saine Gestion Généralement Reconnus et publiés depuis plus de 17 ans. Mais la perception est paradoxale. Par où commencer ? Tout le monde est pour la vertu, mais dans le fond, ce qui importe, ce sont les résultats à court terme. (Voir article suivant : La résistance des décideurs)
La principale impasse pour appliquer ces principes vertueux est en général le manque de volonté à établir un cadre systématique. Il est en fait plus simple de réagir après coup et d’établir des règles minimales de gouvernance associé à chaque organisme. Aussi sérieuses qu’elles puissent être, ces règles de gouvernance pourront-elles vraiment prévenir la prochaine contre-performance de leur organisation ?
À partir des principes de l’OAAQ et du modèle de Saine Gestion, l’ISG propose à ses membres un cadre de gouvernance intégré. La méthode exhaustive et proactive propose 41 points d’examen (autodiagnostic). De plus, des principes d’application tels que ceux de précaution, de subsidiarité, de prudence et de recul rappellent aux gestionnaires leur rôle de fiduciaire envers les ressources et les biens qui leur sont confiés.
Voici, entre autres, le type de réflexion que le modèle de Saine Gestion, appliqué dans un cadre de Saine Gestion, peut produire. Ce type d’analyse pourrait permettre d’expliquer facilement certains éléments qui pourraient avoir été à la base des scandales récents et de la contre-performance de certaines institutions et organisations publiques :
» L’établissement de règles éthiques managériales pour prévenir et gérer les conflits d’intérêts (Organisation et Abnégation)
» Une anticipation des risques qui n’est pas en lien direct avec la mission de l’organisme (Planification et Équilibre)
» Une gestion des risques qui déresponsabilise à long terme la gouvernance (Direction et Continuité)
» L’octroi d’un mode de rémunération des cadres, potentiellement à risque (en particulier les bonus de performance et le conflit d’intérêts potentiel (Direction et Abnégation)
» La reddition de compte des gestionnaires envers le conseil d’administration (Direction et Transparence)
» Nécessité de rendre la nature du risque compréhensible auprès des décideurs du conseil d’administration (Direction et Transparence)
De façon pratique, si vous voulez en savoir plus, l’application de ce concept est expliquée dans le livre que j’ai publié sous le titre Le cadre de Saine Gestion, un modèle de gouvernance intégré chez CCH.
Bernard Brault, F. Adm.A, FCMC, est consultant expert en Gouvernance, en éthique managériale® et en Saine Gestion. Auteur des livres Exercer la saine gestion, Fondements, pratique et audit, et Le cadre de Saine Gestion, un modèle de gouvernance intégré, publiés aux éditions CCH.
4 commentaires
Very very interesting concept. Is there an English translation of the books available? If so, where can I oder them?
Hi Debra,
There is unfortunately no English translation of the books available yet. The author is however considering an English version should there be enough demand for it.
We do have, on the other hand, material available in English such as courses, the Sound Management grid, etc. Should you require more information, do not hesitate to contact us.
Philippe Bruno, C.Adm.
Member of the Consultative Committee
Institute of Sound Management
Is this framework strictly bound to the laws of Quebec (ie. French civil code)? We were wondering if it would work outside of your province as we are an Alberta based network of NPOs (in the field of social rehab). We recently heard about your successful implementation in early childhood settings in Quebec and found your proposal very attractive for our organization.
L. McKenzie
L. McKenzie, the GASMP were developed for the OAAQ by an ad hoc committee of multidisciplinary professionals. Those principles and norms are universally and generally accepted and they can therefore be applicable in any province, state, or country. The GASMP are for the management profession what the GAAP are for the accounting profession. The Sound Management model and framework embody the Sound Management principles and norms.
Regards,