Élections Canada 2011: Éthique, Politique et Saine Gestion

Écrit par Bernard Brault le 30/03/2011

Élections Canada 2011: Éthique, Politique et Saine GestionÇa y est ! Nous retournons en élections ! Après le hockey, c’est notre sport national. Quel plaisir nous aurons à entendre de nouveau nos politiciennes et politiciens nous faire la cour ? Combien d’heures de frissons agréables dans un thriller ampoulé et prévu d’avance nous aurons à partager avec les autres électeurs canadiens ? Franchement, il n’y a que Jean Lapierre (chroniqueur politique et ancien ministre libéral à Ottawa) qui semble frémir de jouissance incommensurable à la venue des élections.

Bon d’accord, mais c’est aussi pour nous, pauvres mortels, le petit effort, somme toute bien minime, qu’il faut assumer pour conserver notre fragile démocratie. Bof ! Il y a aussi un prix en dollars : 300 millions pour les petites dépenses, les horribles photos grands formats sur carton recyclable, les pubs démagogiques mais prévisibles à la télé, les montagnes de sandwichs, et les tonnes de barils de pétrole qui seront consommés pour assurer notre démocratie.

Le devoir de démocratie

La démocratie est une longue discussion, un dialogue de sourds parfois, aussi pénible qu’il puisse être, notre devoir est d’écouter ou de participer, puis de voter.

À mon humble avis, les évènements récents en Afrique du Nord, et un peu partout dans le monde démontrent que les tenants de la démocratie trouveraient le coût de nos élections et de notre effort personnel bien minime en regard du prix ultime qu’ils sont prêts à payer, eux, pour la démocratie : leur vie !

Il y a nettement des choses qui nous dépassent, nous, Canadiens, et Québécois !

Guide d’analyse du discours et des promesses politiques, ou l’art de déceler le pieux mensonge

Cela dit, je vous propose des outils de réflexion sur trois items qui seront à l’honneur dans les discours de nos vedettes nationales et locales : l’éthique, le devoir d’une Saine Gestion des finances publiques (budget Flaherty) et le financement des partis politiques.

Avant propos sérieux :   Saine Gestion n’est ni de gauche ni de droite

L’Institut de Saine Gestion ne prend pas position dans le discours politique. La gouvernance et la gestion de l’État sont très souvent considérées comme des activités accessoires aux autres disciplines, d’où le risque de dérapage démagogique, c’est-à-dire associer une saine gouvernance à des orientations politiques.

Pour l’ISG, la gestion et son encadrement qui la rend saine sont complètement indépendants de l’objet de sa mission. Autrement dit : « ce que l’on gère » est peut-être un choix politique mais le « moyen que l’on prend » pour gérer relève de la discipline du management. L’encadrement de la gestion qui rend sain l’acte managérial est par le fait même totalement indépendant de la politique.

Donc, Saine Gestion est apolitique. Quel pourrait être le lien entre la vision politique et l’obligation de Saine Gestion ? En quoi un mandataire sous une étiquette de droite serait plus enclin à une Saine Gestion qu’un mandataire social démocrate ? Je vous demande de m’aider à comprendre pourquoi la Transparence serait une qualité attribuable à une école de pensée plus à gauche et que la Continuité serait le monopole de la droite politique. Que l’Équilibre serait du centre et que les tenants d’une politique plus sociale n’auraient pas besoin du principe d’Abnégation !

D’abord : l’éthique

Le gouvernant a été défait en apparence sur une question éthique : Non-confiance pour des questions de transparence ! Est-ce ça l’éthique ? N’est-ce pas plutôt une question de responsabilité managériale que de partager l’information liée aux affaires de l’État ?  Cette transparence est-elle contraire au droit de gérance ? Y a-t-il plusieurs façons d’être éthique ?

L’éthique est une question de comportement et d’une certaine forme de conformité volontaire à des valeurs morales. Elle est en lien direct avec le développement social et la culture d’une communauté. Lorsque le village devient global, les valeurs culturelles divergent et l’éthique peut devenir tout et n’importe quoi. Est-ce qu’il y aurait plusieurs façons d’être éthique ?

Je me permets de citer un paragraphe de mon livre Exercer la Saine Gestion :

(….) de quelle éthique vous parlerai-je ? Celle qui est rassembleuse pour critiquer le comportement inopportun du voisin, du politicien ou du professionnel en qui nous investissons notre confiance ? Celle qui est belle, celle du voisin que l’on envie ? Celle que l’on répudie parce qu’elle ne nous est plus d’aucune utilité ?

L’éthique naît de la nécessité de vivre en société. Elle naît du besoin d’instaurer des barèmes et des valeurs qui établissent une relative confiance entre les citoyens d’une cité, d’un pays. L’éthique est essentiellement une recherche de l’acceptable dans une relation de citoyen devant interagir dans une société, une ville, une entreprise, une organisation.

L’éthique est aussi un grand fourre-tout, bouc-émissaire de notre inconfort devant les comportements jugés immoraux. Elle est infidèle parce qu’elle se vend au plus offrant. Dès que l’on veut en codifier l’essence, la première ligne du libellé est dénaturée par une levée de boucliers.

L’éthique est une contrainte que l’on accepte le jour et que l’on trahit la nuit.

Ensuite : le devoir de Saine Gestion

Le budget utilise les mots « saine gestion » pour expliquer l’intention de bien gérer les fonds publics. Sans douter de la bonne intention gouvernementale sortante, outre l’approche matricielle du concept de Saine Gestion, l’utilisation du terme saine gestion peut n’avoir aucune « épine dorsale » et se résumer à une simple recette de bonnes intentions. Il serait intéressant de savoir s’ils entendent respecter les six principes fondamentaux combinés aux cinq fonctions de gestion. Quarante et une cases pour démontrer la crédibilité d’une intention de saine gestion seraient formidables. La gouvernance en serait rehaussée.

Mais n’en déplaise à l’honorable ministre, un des obstacles importants à une Saine Gestion des biens publics est la bureaucratie. Elle fait dire encore à plus d’un que la gestion gouvernementale est difficile à maîtriser. Comment enrôler la fonction publique dans un désir noble de Saine Gestion sans qu’elle se fasse « hara kiri »

Pertinence d’une approche matricielle versus uniquement juridique

Nous attendons tout de la loi. Pour certains cénacles, il n’y a de place qu’au droit et à l’encadrement juridique. Hors du droit, point de salut ! C’est ce que certaines personnes de formation juridique prétendent à l’occasion quant au positionnement des PSGGR et du rôle effacé de l’OAAQ dans le monde de la gouvernance. Les règles de Saine Gestion n’ayant pas été enchâssées dans une loi, elles sont, par définition, inexistantes sur le plan de l’obligation. Et le contrat moral ?

« Saine Gestion » est d’abord un concept qui permet de bien cerner les actes posés par les professionnels de la gestion. Ce concept est une forme de rapprochement entre le droit et la société, un pont entre l’éthique, le droit et la gestion.

En matière de gouvernance et de gestion, Gilles Paquet, professeur émérite à l’université d’Ottawa explique que « le droit est comme la taupe, aveugle et obstiné, aveugle parce qu’obstiné à réduire le juste au juridique » (1) Demander au gouvernement de réguler tout, incluant la gouvernance par le seul droit est devenu impossible. Selon Gilles Paquet, « l’État a perdu le monopole du droit (2) ». Il utilise le terme « orthopédique » pour exprimer le rôle de prévention des difformités inacceptables que joue le législateur. C’est en ce sens que nous disons que la solution de la taupe juridique est minimaliste. Des organismes indépendants tels que l’OAAQ et l’Institut de Saine Gestion peuvent jouer leur rôle de régulateur auxiliaire pour définir et préciser ce qu’est une Saine Gestion.

Pertinence des PSGGR et du concept de Saine Gestion

Les PSGGR ne sont ni plus ni moins qu’une série de règles écrites sous une forme juri-administrative (similaire aux règles de la profession comptable) qui proposent aux praticiens de la gestion une façon d’agir et de se comporter selon les règles de l’art de la profession de gestionnaire. Outre la dénomination PSGGR, ces règles n’auraient aucune valeur d’originalité si elles n’étaient liées au modèle de Saine Gestion, c’est-à-dire la matrice et à ses valeurs fondamentales, qui forment les règles de l’art de la profession. Il n’y a aucune originalité à écrire des règles de gouvernance sans « épine dorsale »

Enfin : Le financement des partis politiques

Il y a les règles et il y a la loi. Il y a surtout des règles de jeu pour éviter qu’un parti ne triche pour prendre le pouvoir. C’est une question « d’équité », pour les gens qui font de politique et pour la démocratie. Ce n’est pas une question de gestion, c’est une bataille où tous les coups ne sont pas toujours permis mais où la démocratie doit sortir gagnante. Alors les stratégies juridico-administratives concoctées par des juristes habiles pour « contourner » les règles du jeu vont apparaître ou réapparaitre.

Comment peut se faire entendre « l’agneau » à coté du loup qui hurle et veut le dévorer ? Depuis les fables d’un Français nommé LaFontaine, le genre humain n’a pas beaucoup évolué. La raison du plus fort demeure encore la meilleure.

La série de deux articles publiés en décembre 2010 concernant Jacques Chirac demeurent d’actualité pour nous Canadiens et Québécois. Si ca vous intéresse : Financement …

Au plaisir de lire vos commentaires.

(1)  Gilles Paquet « Gouvernance. Mode d’emploi. » Liber, 2009 p. 334

(2)  Gilles Paquet « Le droit à l’épreuve de la gouvernance » dans Gouvernance : une invitation à la subversion, Montréal, Liber, 2005, chap. 3.


2 commentaires

par louis le 04/22/2011

j aimerais savoir si c est normal daller voter et que les candidats ne soi pas les bons ce matin j ai ete voter mais les candidat n etait pas les memes que sur les ecritaux ou pancarte il y avait lauraine sweetnyet bloc mme beaudy bureau 611 pool 175 alors j aio voter pour une autre personne la presidente de la table a dis vous avez votez c est tous mais c etait le candidat sur les pancarte alors je fait q uoi de ca merci carrefour guyboug rue cadilac et lafontaine

par Bernard Brault le 04/22/2011

C’est en effet troublant ! Si vous avez raison, il y a quelqu’un qui a vraisemblablement mal fait son travail, mauvaise gestion, peut-être, mais il faudrait un peu plus de détail. De là à présumer une intention coupable… !

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