Vous avez dit « Équilibre » ?
Petite réflexion à faire avant le budget (Québec) du ministre Bachand de ce jour. Vous avez dit « Équilibre » ? Les principes de Saine Gestion ne se limitent pas à la Transparence ni à l’Abnégation ou encore au principe d’Efficience, c’est-à-dire d’efficacité et d’économie, comme certains souhaiteraient que ce soit. La gestion des organisations est beaucoup plus complexe qu’une simple question de résultats comptables et d’efficacité économique. Pour en représenter la complexité, le modèle de Saine Gestion s’exprime par 6 principes fondamentaux et 5 fonctions de gestion de la théorie classique. C’est la matrice de Saine Gestion qui articule de façon pratique les règles de l’art de la profession.
Le premier principe est dit de relation entre le mandant et le mandataire : vous avez reconnu la Transparence. Un second principe que l’on qualifie de dynamique assure dans le temps que l’infrastructure saura répéter ses succès, c’est-à-dire la « pérennité » ou ce qu’en matière de Saine Gestion on appelle la Continuité. Il y a aussi un principe hybride parce qu’il assure à la fois l’efficacité et l’économie des moyens. Mais les trois derniers principes sont des principes liés au comportement humain : Équilibre, Équité, Abnégation.
Le facteur humain
Curieusement, l’Équité et l’Abnégation sont largement encadrées par une ossature légale au Canada et au Québec (Chartes des droits et libertés, loi stricte sur le harcèlement psychologique et sexuel au travail, les normes du travail, la Loi sur l’équité salariale, sans oublier toutes les règles gouvernementales (municipales) sur les conflits d’intérêts). Mais le principe d’Équilibre n’est pas souvent invoqué pour harmoniser l’application des règles de gouvernance. Poids et contrepoids est une notion pourtant essentielle à toute organisation. Le système politique américain est précisément basé sur cette notion check and balance. Les penseurs anciens connaissaient bien la nature humaine, sachant que l’humain a une propension naturelle à l’abus de pouvoir et que la seule façon de prévoir l’imprévisible est d’assurer un contrepoids à tout pouvoir. En matière de Saine Gestion, l’Équilibre propose à la fois cet équilibre structurel des organisations, une réflexion sur les moyens et les décisions et offre une voie de réflexion aux dirigeants pour ne pas appliquer un principe de Saine Gestion au détriment des autres principes fondamentaux.
Le principe d’Équilibre permet aussi de mesurer l’importance relative d’une dérogation aux principes de Saine Gestion par rapport à la mission ou aux enjeux auxquels doit faire face une organisation.
En matière de Saine Gestion
L’ÉQUILIBRE est donc, entre autres, le principe d’application des autres principes fondamentaux. Il est alors un facteur déterminant dans l’établissement de la pertinence et de la matérialité des événements. Il permet d’appliquer avec discernement les autres principes de Saine Gestion dans un contexte approprié. La meilleure façon d’exprimer ce principe fondamental s’inspire de la locution latine in medio stat virtus, c’est-à-dire, au milieu se tient la vertu, donc éloignée des extrêmes.
Dans ce sens, l’article 2.5-1 des PSGGR définit le principe d’ÉQUILIBRE:
2.5-1 État de stabilité découlant de la juste proportion entre des forces et des idées opposées. L’harmonie est une résultante de l’équilibre et elle contribue à la Saine Gestion des entreprises.
L’administrateur manifeste son équilibre, dans l’exercice de ses pouvoirs, par le juste choix des moyens mis à sa disposition et des actes qu’il doit poser pour atteindre les objectifs ou les résultats anticipés.
Voilà une intéressante application du principe pour les décideurs et gouvernants. Équilibre dans l’application des principes d’Abnégation et de Transparence, pour analyser les enjeux, opportunités et risques immédiats, aider à discerner la bonne chose à faire en toute conscience éthique, et pour éviter les décisions intempestives, la vengeance, le narcissisme et l’omnipotence.
Équilibre, m’avez-vous dit ?
Oui, mais pas pour annihiler toute tentative de projet, pas pour servir de véhicule à la jalousie ou aux intérêts personnels. Au Québec, la plupart des grands projets sont rendus inaptes au démarrage. Est-ce à cause d’une surapplication du principe d’Équilibre ou plutôt d’une question de sous-utilisation du principe d’Abnégation ?
Budget Bachand : Équilibre en fonction de quelle valeur ? Pour ce budget j’aurais proposé le principe d’Efficience que, sans conteste, les structures bureaucratiques n’ont pas encore utilisé de façon exagérée !!! Si le cœur vous en dit, cela pourrait faire l’objet d’un prochain billet. Mais là, ça risque d’être un billet écrit au scalpel !
À demain pour le budget Bachand …….
Appelez tout de suite Richard Martineau !